Page:Scarron - Oeuvres T3, Jean-François Bastien 1786.djvu/444

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le pas rappprter. Dom - Marcos se jetta hors du lie comme un furieux , courue à ses habits et né les vie plus , ni la belle robe d’Isidore -, mais il vit cette chère épouse d’une figure si différente de celte sous laquelle il en a voit été charmé y qu’il en pensa tomber de son haut. La pauvre dame s’étant éveillée en Sursaut, n’avoit pas pris garde que sa perruque n’é- toit pas sur sa tête. Elle la vit par terre à coté du lit et la voulut reprendre, mais on ne fait presque jamais rien de bien quand on se précipite. Elle mit sa tétiére le devant derrière, et son visage ,’ qui si matin n’avoit pas reçu toutes ses façons journalières, parut mal cofc’ffé, et, dépeint comme il l’éroit, si horrible à Dom-Marcos, qu’il en eut peur comme d’un fantôme. S’il jettoit les yeux sur elle, il voyoit un monstre affreux; et s’il portoit sa vue ailleurs, il ne voyoit plus ses habits. Isidore fort défaite ap- perçut dans les larges, longues et peuplées mous* taches de son mari ; une partie de ses dents postiches qui s’y étoient prises. Elle alla pour les reprendre avec beaucoup de confusion ; mais le pauvre homme qu’elle avoit tant effrayé , ne pouvant s’imaginer qu’elle lui portât les mains si près du visage pour autre chose que pour l’étrangler, ou lui arracher les yeux, se retira en arriére, et évita ses approches avec tant d’adresse, que ne pouvant le joindre , elle fut contrainte enfin de lui avouer que ses mous- taches lui retenoient quelques-unes de ses dents. Dom-Marcos y porta les mains, et y ayant trouvé les dents de sa femme , qui avoient autrefois été celles d’un Eléphant originaire d’Afrique , ou des Indes Orientales, il les lui Jetca avec beaucoup d’in- dignation. Elle les ramassa , et celles qui étoient eparses dans le lit ec dans la chambre, ec se] sauva dans un petit cabinet avec ce rare trésor, et quelques brosses de l’avarice.