Page:Scarron - Oeuvres T3, Jean-François Bastien 1786.djvu/451

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c’est gu*il n’y a plus de remède. Attendez , l’inter- rompit Marcelle, je connois un habile homme de mes amis , et qui pourra bien être mon mari (si dieu veut ) qui vous dira où vous trouverez vos gens, comme s’il les voyoit. C’est un homme admirable , Îui fait des diables tout ce qu’il veut. Le crédule >om-Marcos la conjura de le lui faire voir, et Mar- celle le lui promit, et lui dit qu’il se trouveroit le jour suivant au même lieu. Dom-Marcos y vint ; Marcelle s’y trouva , et dit au pauvre homme que le magicien dont elle lui avoit parlé, avoit déjà travaillé à lui faire trouver ce qu’on lui avoit volé, et qu’il ne manquoit plus qu’une certaine quantité d’ambre, de musc et d’autres senteurs dont il falloit faire des parfums aux démons qu’on vouloit invoquer, qui étoient tous du premier ordre , et des meilleures maisons d’enfer, Dom-Marcos sans délibérer mena Marcelle où l’on vendoit des senteurs, en acheta ce qu’elle lui en fit acheter , et lui en donna même ce qu’elle lui en demanda, tant il croyoit lui être obligé de lui avoir fait trouver un magicien. La scélérate Mar- celle le mena dans une maison de mauvaise mine , , ou dans une salle basse, ou plutôt cave nattée j il fut reçu par un homme en soutane , qui avoit la barbe touffue, et qui lui parla avec beaucoup de gravité. Ce vilain homme que Dom - Marcos regardoit avec beaucoup de respect et de crainte, alluma deux bougies noires, les donna à tenir en chaque main à l’effrayé Dom-Marcos, le fit seoir sur un petit siège fort bas, et l’exhorta, mais trop tard, à n’avoir point de peur. Il lui fit ensuite plusieurs questions sur son âge * sa vie , et sur les hardes qu’on lui avoit volées ; et après avoir regardé dans un miroir , et lu quelque tems dans un livre , il dit à Dom-Marcos qui se mouroit de peur, qu’il savoir bien où etoienc