Page:Scarron - Oeuvres T3, Jean-François Bastien 1786.djvu/454

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les jours .visiter toutes les hôtelleries de Madrid ; et enfin il trouva des muletiers qui revenoient de Barcelone , qui lui dirent qu’ils avoient trouvé à quatre ou cinq journées de Madrid une charrette chargée de hardes, de deux femmes, et d’un homme, et qu’elle s’étoit arrêtée dans une hôtellerie à cause de deux mules qui étoient mortes aux charretiers Eour les avoir trop pressées. II? lui dépeignirent cet omme et ces deux femmes, et les marques qu’ils lui en donnèrent se rapportoient si bien à Isidore, à Inez ec à Augusrinet, que sans délibérer davan- tage il s’habille en pèlerin ; et ayant obtenu de son maître des lettres de recommandation pour le vi- ceroi de Catalogne, et de la justice un décret contre sa femme fugitive, il prit le chemin de Barcelone, tantôt à pied, tantôt sur une mule, et y arriva en peu de jours. Il alla droit au port pour s’y loger ; et la première chose qu’il vit en arrivant, ce fut ses coffres qu’on portoit dans une chaloupe , et Augustinet, Isidore et Inez, qui les alloient escorter jusqu’à un vaisseau qui les attendoit à la rade, dans lequel ils s’alloient embarquer pour Naples. Dom- Marcos suivit ses ennemis, et se mit avec eux dans la chaloupe comme un lion. Ils ne le reconnurent point, à cause de son chapeau de pèlerin qui avoir un bord d’une très-vaste circonférence, et ils le pri- rent pour quelque pèlerin qui alloit à Lorette , comme les matelots le prirent pour être de la com- pagnie d’Augustinet. Dom-Marcos dans la chaloupe pensa y mourir d’inquiétude, bien moins de ce qu’il alloit devenir , que de ce qu’alloient devenir ses coffres. La chaloupe cependant vogua vers le vaisseau, et vogua si vite, ou plutôt Dom-Marcos étoit si occupé de tout ce qu’il avoit dans la tête, qu’il se trouva sous le grand vaisseau, lorsqu’il pensoit en