Page:Scarron - Théâtre complet, tome 3, 1775.djvu/280

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Mais la fureur m'ayant plongé dedans la rage,

Tout mon corps échauffé se convertit en feu.

De sorte qu'à mes feux sa force fut soumise,

Et je le fis brûler dans sa propre chemise.

Après ce grand combat le Ciel vint à son tour,

Pour me priver du jour :

Mais dès qu'il aperçut cette face guerrière,

Plus effroyable à voir que le moine bourru,

Il se mit à courir d'une telle manière,

Que depuis ce moment il a toujours couru :

Et cette peur encor si vivement le presse,

Qu'on le voit fuir de crainte et tournoyer sans cesse.

Ce cornard de Vulcain, cet infâme maraud

Vint encore à l'assaut,

Ce Forgeron pensait me priver de lumière,

Et me précipiter d'un seul coup au tombeau

Sans que j'y prisse garde, il venait par derrière

Pour me casser la tête avecque son marteau :

Mais l'esquivai le coup, et puis pour ma revanche,

Je le pris par le corps, et lui casser la hanche.

L'Amour voulut aussi par un excès d'orgueil

M'envoyer au cercueil.

Ce souverain des coeurs qui triomphe des âmes,

À me faire périr déploya ses efforts,

Il lança contre moi tous ses traits pleins de flammes,

Pour m'envoyer brûlant au royaume des morts :

Mais d'une âme tranquille et nullement émue,

D'une fourche d'acier je lui crevai la vue.