Page:Scarron - Théâtre complet, tome 3, 1775.djvu/294

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Ne fissent joindre encor la flamme avec la terre,

Que leurs divisions en troublant leur repos,

Ne remissent le tout en son premier chaos,

J'envoyai le plus chaud du côté de l'Aurore,

Où le grand oeil du Monde est adoré du More,

Et malgré sa fureur je retins ce mutin,

Où le Père du jour se lève le matin.

J'arrêtai du second la course vagabonde,

Aux lieux où le Soleil se va plonger dans l'onde :

Vers le Septentrion je mis les Aquilons,

Qui glacent les pays des barbares Gélons ;

Et cet humide vent qui grossit les nuages,

Qui les réduit en eaux pour faire les orages,

S'empara du Midi par mes commandements,

Je mis le Ciel plus haut que tous les éléments ;

Ce corps qui fut formé sans mélange de boues,

Tournoie incessamment sur de puissantes roues ;

Les Pôles l'appuyant ne lui permettent pas

De s'élever plus haut, ni descendre plus bas ;

Sur sa face mes mains posèrent les étoiles,

Qui brillent dans la nuit malgré ses sombres voiles.

Enfin pour achever tous ces divins travaux,

Pour chaque région je fis des animaux.

Je mis dedans le Ciel les Dieux avec les Astres,

Qui font par l'Astrologue annoncer les désastres ;

Je fis battre les airs par le vol des oiseaux,

Et nager les poissons dans l'abîme des eaux,

D'autres bêtes encor la terre fut couverte,

Pour leur faire habiter cette masse déserte,

Après je créai l'homme et l'en fis gouverneur,

Afin de le combler de gloire et de bonheur ;

Sue le portrait des Dieux je formai sa figure,