Page:Scarron - Théâtre complet, tome 3, 1775.djvu/293

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Je séparai les bois d'avecque les campagnes,

Puis en divers climats j'élevai des montagnes ;

Je fis naître partout des plantes et des fleurs,

Que la Nature peint de diverses couleurs ;

Je montai les rochers jusqu'auprès du tonnerre,

Je mis leurs fondements au centre de la terre :

Enfin pour achever ce labeur glorieux,

Je voulus séparer en cinq Zones les Cieux,

Et diviser en cinq ces épaisses matières

De la masse qui fait le grand centre des Sphères,

Des cinq Zones je mis la Torride au milieu ;

Le milieu de la terre est posé sous ce lieu ;

Le Soleil par un chaud qui n'est pas concevable,

Rend dedans ce milieu la terre inhabitable.

Les deux Zones qui sont aux deux extrémités,

De ce Globe d'azur où règnent les clartés,

Répandent sous ces lieux une extrême froidure,

Et la neige en tous temps y blanchit la Nature.

La froideur qui détruit l'ardeur de son amour,

Fait qu'à peine toujours l'homme y reçoit le jour.

Les deux autres qui sont plus près de la lumière,

Sans froid et sans chaleur achève leur carrière ;

Ces contraires toujours sont unis sous ces lieux,

Où l'on respire à l'aise un air délicieux.

Sitôt que j'eus rangé les Zones en leurs places,

Entourer les Cieux, et pour suivre leurs traces,

Dans cette région où j'ai posé les airs,

Des vapeurs d'ici bas j'y formai les éclairs,

Les nues, les brouillards et la grêle, et la foudre :

Pour faire de l'impie une masse de poudre.

Les vents avec les airs furent aussi placés,

Par mon ordre en ces lieux ils furent ramassés ;

Et de peur que les vents en se faisant la guerre,