Page:Scarron - Théâtre complet, tome 3, 1775.djvu/300

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Tout tombe, tout s'abat, tout penche à sa ruine :

Et si je n'arrêtais l'ardeur qui me domine,

Je vous avalerais ainsi que des pois verts.

Un jour dans un esquif navigant sur la mer,

Neptune voulut m'abîmer :

Mais en le regardant j'anéantis ses rages,

Je l'effrayai si bien des traits de mes flambeaux,

Que du haut et du bas il vomissait des eaux,

Qui dedans peu de temps couvrirent les rivages.

Enfin la peur qu'il eut de mon oeil enflammé,

Lâchant tous ses conduits, lui fit enfler son onde,

Et de telle façon qu'il noya tout le monde,

Et fit ce grand déluge où tout fut abîmé.

Une autre fois aussi le Ciel me fit savoir,

Que dans deux jours il voulait choir

Dessus tous les humains, afin de les détruire ;

Je lui dit, cher ami, ne sois pas si maraud,

Mais parbieu mon courroux n'émeut pas ce rustaud,

Au contraire je vis qu'il n'en faisait que rire,

Connaissant donc par là qu'il voulait regimber,

Je dressai seulement mes plumes de la sorte,

À l'instant il s'émeut, la frayeur le transporte, *

Et la peur qu'il en eut, fit qu'il n'osa tomber.

Lorsque les animaux s'amusaient à parler,

Le Dieu Phébus voulut brûler

Tous les peuples d'Afrique et consommer leurs terres,

Et ces peuples encor en sont noirs comme il faut ;

Moi pour l'en empêcher je m'élevai fort haut,