Page:Scarron - Théâtre complet, tome 3, 1775.djvu/301

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Mais si haut que j'étais au-dessus des tonnerres.

Étant donc là puissant à punir son orgueil,

Je lui crevai l'oeil gauche avecque ma rapière :

Si bien que du depuis ce Dieu de la lumière,

Ce beau Soleil est borgne, et n'a plus rien qu'un oeil.

Enfin mes actions, mes regards, ou ma voix,

Font que tout plie sous mes lois ;

Étant donc satisfait du renom de mes armes,

Je ne veux désormais songer qu'aux passe-temps,

Je ne veux plus remplir les villes ni les champs

De désolations, de plaintes, ni de larmes :

Ô ! Je ne serai plus brutal ni furieux,

La terreur m'abandonne et l'effroi se retire,

Et rien que le penser de chanter et de rire

N'occupe les esprits de ce prodigieux.


STANCES DE MATAMORE.

Ah ! Ventre, que je suis joyeux !

De voir de si divins visages,

Tant de beautés charment mes yeux,

Et me font haïr les ravages :

Ce prompt et subit changement,

Est bien digne d'étonnement ;

Je n'ai jamais aimé que choses meurtrières,

Que le désordre et la rumeur :

Toutefois, cher ami, tant de belles lumières,

Changent ma sanguinaire humeur.