Page:Scarron - Théâtre complet, tome 3, 1775.djvu/310

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Les Antipodes pleins d'effroi,

Au seul récit de ces nouvelles

Enrageaient de n'avoir point d'ailes

Pour se venir soumettre à moi :

Ils craignirent tant ma vaillance,

Que n'ayant pas la patience

Que le Soleil revint ici,

Ils donnèrent charge à l'Aurore

De voir de leur part Matamore,

Et de me conjurer de les prendre à merci.

Je pris plaisir à voir la peur

De ces marauds de l'autre monde,

Leur soumission si profonde

Me mit la piété dans le coeur,

J'épargne ces pauvres canailles

De pleurs, de sang, de funérailles :

Mais pourtant à condition,

Que pour montrer le grand courage

Qu'ils avaient de me rendre hommage,

Ils me viennent ici baiser le croupion.

En attendant ces malotrus,

Je vais visiter une aimable,

Dont le maintien émerveillable

Me rend amoureux et confus,

Je lui vais parler sans demeure

L'entretenir tout à cette heure,

Je vais parbleu la suborner,

La cajoler et la séduire

Par le charme de mon bien dire,

Afin de m'efforcer de l'enjobeliner.