Page:Scarron - Théâtre complet, tome 3, 1775.djvu/314

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Pour être par trop foudroyant,

Trop martial et trop vaillant,

Mes vertus seront étouffées ;

Et par un malheureux Destin

La pesanteur de mes trophées

M'écrasera quelque matin.

Mais, Dieux, le fils de Cythérée

Par sa frauduleuse douceur,

Me force à quitter la noirceur

De mon humeur désespérée ;

Ce petit maudit Guéridon,

Ce détestable Cupidon

Me fait tomber dedans sa trappe

Pour me plonger dans les regrets :

Mais par la mort, si je l'attrape

Je lui couperais les jarrets.


ÉLÉGIE SÉRIEUSE DE MATAMORE.

Enfin quand ce discours me coûterait la vie,

Il est temps de parler, je vous aime Livie,

Vous voyez bien qu'Amour a causé mon ennui,

Puisque vous n'êtes pas aveugle comme lui ;

Vos beaux yeux sont si clairs et si remplis de flamme,

Qu'ils ne peuvent douter de celle de mon âme ;

Ils connaissent le feu dont je suis consumé,