Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/112

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quatre-vingts lieues. Le gouvernement y était digne enfin d’un peuple civilisé. »

M. Richard Hill[1] après avoir parcouru notre ancienne colonie dans tous les sens, dit que l’état actuel des campagnes est satisfaisant : peu de moyens pécuniaires, mais beaucoup de zèle ; des enfants beaux et gais ; des écoles, de l’ordre, de la moralité, du bien-être, de l’intelligence dans toutes les industries et toutes les exploitations ; des travaux d’ingénieurs ; une hospitalité qui ne se dément nulle part. Ils vivent en paix, et, pour fortifier l’esprit de liberté, ils s’entretiennent, à la veillée, du récit des crimes de leurs anciens tyrans. C’est un Éden que peint M. Richard Hill, qui, à la vérité, est un homme de couleur et a beaucoup de poésie dans la tête. On prendrait seulement la moitié de son récit, que ce serait encore fort beau ; mais ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que le célèbre Owen, l’homme bon et positif, répète absolument les mêmes choses, et, de lui, on ne peut croire à aucune illusion volontaire.

  1. Lettres d’un voyageur à Haïti pendant les années 1830 et 1831. — Londres.