Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/135

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vaille sous le bâton ! Et qu’on ne vienne point répéter encore que cela est une erreur ; quiconque a été aux colonies l’a vu de ses yeux : le commandeur est armé d’un fouet ; nous allons plus loin, l’usage du fouet est indispensable ; la bastonnade est une conséquence nécessaire du travail forcé. On met le galérien au cachot, mais on ne met pas au cachot des instruments aussi coûteux que le sont des Noirs ; il faut qu’ils piochent la terre ou qu’ils meurent sous les coups. Capitaux doués de vie, ils ruinent s’ils ne produisent.

Au reste, si les Nègres aiment tant la servitude, comment donc se fait-il qu’au 31 décembre 1834, cinq mois après la déclaration d’affranchissement, il était annoncé à la chambre des communes que plus de six cents Noirs des Antilles françaises avaient passé à la Dominique et à Sainte-Lucie[1]. Comment

  1. Il y a, à Sainte-Lucie, quatre à cinq cents personnes qui se sont évadées de la Martinique et de la Guadeloupe, pour échapper à l’esclavage ; on en a dressé un état, et tous les mois ils sont rassemblés par le gouverneur. J’ai remarqué aux environs de la ville des Nègres occupés à déblayer des terrains, à cultiver des jardins et à bâtir des maisons. On m’a dit que c’était