Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/136

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donc se fait-il que les goëlettes du gouvernement aient reçu l’ordre de redoubler de vigilance contre les pirogues fugitives, et qu’au mois de mars 1838 on ait publié à la Guadeloupe promesse d’une prime de 200 fr. à quiconque ramènerait un Noir déserteur ? Pourquoi donc alors tant de révoltes d’esclaves de tous côtés ? N’a-t-on pas jugé trois complots à la Guadeloupe, seulement depuis 1829 ? Et l’affaire de la Grande-Anse, à la Martinique (1833), où l’on prononça quarante-une condamnations capitales ? au moins celles-là furent commuées. Mais à la suite de la révolte qui avait précédé (1831), les Martiniquais n’avaient-ils point envoyé héroïquement vingt-six Noirs à la potence d’un seul coup ! Si les Nègres se félicitent tant de leur sort, pourquoi donc alors les colons tremblent-ils sans cesse ? Pourquoi se plaignent-ils des moindres discussions parlementaires au sujet des Nègres, comme funestes à la tranquillité des îles ? Voilà d’étranges raisonneurs !

    là les Nègres français. (Rapport d’un témoin oculaire sur la marche du système d’émancipation, par John Innes, 1836.)