Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/114

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noirs libres qui manqueraient de travail. — Quant aux mauvais sujets que l’on émanciperait pour s’en débarrasser, de sévères ordonnances de police contre les vagabonds obvieraient aux danger de leur présence, sans parler de la déportation à laquelle un jugement pourrait condamner les incorrigibles.

Rien certainement ne paraît plus naturel que de laisser au propriétaire la faculté de se dépouiller de sa propriété. Cependant la Chambre de commerce du Havre, dans ses observations adressées au ministère sur le nouveau projet, a trouvé de très-grands inconvéniens dans ce libre exercice du droit. « Un homme malveillant, dit-elle, peut avoir recours à ce moyen pour anéantir les espérances de ses héritiers. La mauvaise foi d’un débiteur peut chercher à s’en servir pour frustrer des créanciers de leur gage. » Ceux-ci ne seront nullement frustrés une fois qu’ils sauront que le noir n’est plus une matière imposable, un immeuble que l’on puisse hypothéquer. — Et quand même il n’en serait pas ainsi, quelle est donc la loi, par tels sages qu’elle soit faite, qui n’ait ses inconvéniens ? Ne voyez-vous pas combien il y a d’écueils cachés sous cette mare de Charte de 1830, qui paraissait à quelques-uns devoir être un port de salut à l’abri de tout danger ? — En vérité, il faut avouer que la loi qui n’aura d’autre tort que celui de permettre à un homme de ne rien laisser à ses héritiers, si cela lui convient, sera un des moins mauvaises lois qui ait été promulguée depuis Moïse jusqu’à nous.

Faisons donc céder enfin les petites considérations locales et pratiques aux plus nobles sentimens du cœur humain.

C’est la disposition de loi écartée par nous en ce moment, qui a produit cette malheureuse classe de patronés, ces hermaphrodites politiques, comme les appelle M. Fabien, aux-