Aller au contenu

Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en fait, en politique et en justice, que ces divers poids et mesures pour chaque classe qui habite les colonies. Le temps est venu de détruire cette maxime de petits tyrans coloniaux : « Un blanc ne peut jamais avoir tort vis-à-vis d’un noir. » Sitôt que les blancs verront les noirs et les hommes de couleur égaux à eux devant la loi et la raison, leur orgueil s’écroulera faute d’aliment, comme celui de nos gentilshommes. — L’aristocratie de la peau, suivant la pittoresque expression de l’abbé Grégoire, tombera devant le ridicule. — Une fois que les noirs et les hommes de couleur auront obtenu leurs bénéfices de citoyen, ils attendront sans impatience et sans colère que les blancs veuillent bien se mettre en harmonie avec l’époque.

Art. 25. Tous les enfans libres, à quelque degré qu’ils le soient, seront admis indistinctement dans les écoles publiques.

Les colons ne sont pas des hommes plus méchans que d’autres ; on n’est pas sans foi et sans pitié, précisément parce qu’on est venu au monde à la Guadeloupe ou à Bourbon. Ce sont des préjugés pernicieux dont ils sont nourris dès leur enfance, qui leur gâte le cœur à leur insu. — Sans compter sur les amitiés de collège, auxquelles nous ne croyons malheureusement pas, nous sommes persuadés qu’une éducation libérale, reçue en commun, contribuera mieux que les lois à les ramener à des sentimens plus raisonnables. Toutefois, entendons-nous, mon but n’est pas de changer le despotisme de place, en contraignant les blancs à mêler leurs enfans avec ceux des noirs ; je veux seulement ouvrir à tous les établissements publics, afin que tous puissent jouir des bienfaits d’une instruction commune, égale et fraternelle.

Art. 26. Toutes choses ainsi réglées, les limites de la