Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/134

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c’est une pensée sérieuse à poursuivre, un avenir à créer ; c’est presque une œuvre apostolique. — Que le législateur ne s’effraie point des menaces des colons. — Justice, et advienne que pourra.

Depuis long-temps les propriétaires de nègres, dans toutes les parties du monde, crient au meurtre, au pillage et au massacre, quand ils voient dans un règlement le moindre germe d’amélioration au sort des esclaves.

Il est de l’essence d’un pouvoir injuste d’être toujours ébranlé par le sentiment de ce qui est juste. — Parlez de liberté à un homme entiché d’absolutisme ou d’aristocratie, vous le verrez, quelle que soit son ignorance, dire comme par instinct : « Cela est mauvais » ; donc c’est bon.

Ne craignons pas non plus que nos colonies aillent se livrer à nos voisins ; les colonies anglaises se plaignent, autant que les nôtres, de leur métropole ; elles disent hautement qu’elles ne tiennent pas à être anglaises, et que, s’il se présentait une escadre américaine, russe ou ottomane pour les prendre, elles se laisseraient prendre. — Chaque fois qu’on voudra détruire un monopole, on excitera les passions des monopoliseurs. — Mais si les protecteurs d’esclaves remplissent leur mission sans acharnement, avec intégrité, les colons ne tarderont pas à voir qu’on