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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/39

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CHAPITRE V.

Dire que les esclaves des colonies sont plus heureux que nos paysans, c’est soutenir l’absurde.

Malgré l’incontestable exactitude du tableau que nous venons de tracer, les antinégrophiles s’entendent tous pour dire : « C’est une mode de plaindre le sort des noirs ; ils sont bien plus heureux que vos paysans. » Nous sommes fort éloignés sans doute de vanter le bonheur de ces derniers, et ce n’est pas aujourd’hui la première fois que nous signalons à nos éligibles ces lois faites par et pour les riches, qui accablent si impitoyablement les classes pauvres ; mais au moins ils sont libres, ils sont tenus pour citoyens ; ils ont une patrie et une famille !

Comme, au reste, il n’y a pas un seul apologiste de l’esclavage qui voulût être plutôt esclave à la Guadeloupe que paysan en France, je ne m’appliquerai pas à combattre cette objection qui tombe d’elle-même, et devient d’autant plus insignifiante qu’il ne me paraît pas possible de justifier raisonnablement un mal par l’exemple d’un mal plus grand.

M. Lacharrière se félicite hautement qu’il n’y ait