Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/92

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Comment seraient-ils devenus inhabiles à en continuer l’exploitation, aujourd’hui que tant d’améliorations pourraient être introduites si l’esprit routinier des planteurs cédait enfin aux progrès de l’Europe, et s’ils la regardaient comme leur amie, comme leur alliée, au lieu de la considérer comme un foyer de lumières redoutable ?

Les blancs, nous le répétons, sont assez forts pour cultiver ; les colonies ne sont pas assez malsaines pour qu’ils ne puissent s’y acclimater[1] ; et si quelques-uns de nous doivent succomber dans l’épreuve, nos enfans, du moins, fils du pays, domineront l’atmosphère, et n’y mourront pas plus que les Havanais ne meurent à la Havane. — Ne trouve-t-on pas déjà à l’île Bourbon quelques quartiers pauvres où les blancs travaillent la terre de leurs mains, et ne s’en portent pas moins bien ? — Or la difficulté est tranchée dès ce moment : les esclaves ne sont plus indispensables sur une plantation ; les colonies ne périront pas faute de noirs, et l’extinction de l’esclavage, loin de les anéantir, va ouvrir au contraire des débouchés, et of-

  1. Leurs montagnes élevées (celles des Antilles) les rendent très-faciles à défendre, leur procurent une variété de température qui permet d’accoutumer par degrés et sans perte les troupes européennes au climat des tropiques et de l’équateur.
    Lacharrière.