Page:Schœlcher - Le procès de Marie-Galante, 1851.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Roussel et d’autres personnes, pendant que j’étais arrêté, m’ont craché à la figure, en me disant que nous étions des scélérats qui voulaient voter pour d’autres scélérats comme nous : Schœlcher et Perrinon. » (Audience du 12 mars, compte-rendu du Progrès.)

Le maire qui a ordonné l’arrestation de M. Germain maintient ses dires ; mais le gendarme Caire et le garde champêtre Bacot, qui ont exécuté ses ordres, font les dépositions suivantes. Nous les copions, à dessein, dans le compte-rendu de l’Avenir, l’un des organes de la réaction, qui ne saurait être suspect de partialité en faveur des accusés.

« M. le président, à Bacot : Qu’avez-vous dit à M le maire, en lui conduisant Germain ?

« — J’ai dit à M. le maire que, lorsque Germain est arrivé il a été entouré ; mais je n’ai entendu que ces mots : « Bacot sera cassé. » Caire doit avoir entendu autre chose ; il était plus près que moi.

« M. le président, à Caire : Qu’avez-vous dit à M. le maire, en lui conduisant Germain ?

« — J’avais entendu Germain demander à quatre ou cinq cultivateurs : « Qui vous a donné ces bulletins ? — C’est Bacot, lui répondit-on. — Eh bien ! Bacot sera cassé[1].

« D. Vous n’avez rien entendu autre chose. — R. Non.

« D. à Théophile Bonneterre : Vous persistez à dire que l’on vous a rapporté que Germain tenait des propos séditieux ? — R. Oui.

« D. à Caire : Quelle consigne le maire vous avait-il donnée ? — R. Celle de faire attention à ceux qui viendraient comme la veille changer les bulletins et empêcher de voter librement.

« M. Pory-Papy (l’un des défenseurs) : Ainsi la consigne était de conduire devant le maire ceux qui changeaient les bulletins.

« M. Bonneterre : Non, mais ceux qui excitaient en disant que l’on voulait retirer la liberté.

  1. M. Germain, dans cette réponse, faisait sans doute allusion à la circulaire du gouverneur général, que nous avons mentionnée plus haut.