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CHAPITRE V.

Complicité morale. — Le citoyen Alonzo.



Nous avons cherché à mettre en relief les traits les plus caractéristiques du procès de Marie-Galante. On connaît maintenant la véritable cause des tristes événements dont la dépendance de la Guadeloupe a été le théâtre, à la suite des élections de juin 1849. Nous avons analysé les faits matériels ; il nous reste à examiner ceux qui se rapportent à la complicité morale des accusés politiques.

M. Alonzo, tant par la position que lui a faite l’accusation que par son mérite personnel, résume en lui tout l’intérêt qui s’attache aux condamnés de cette catégorie. Il est d’ailleurs la personnification de ces anciens affranchis élevés par leur intelligence et la puissance d’une énergique volonté au niveau de leurs anciens maîtres. Nègre ardemment jaloux de l’égalité pour sa race, homme influent, M. Alonzo était fatalement désigné aux rancunes de ceux qui, connaissant sa valeur, ne voulaient cependant pas le traiter en égal. M. Alonzo a été condamné à dix ans de réclusion pour de prétendus discours qu’un seul témoin, d’après la déclaration du procureur général dans l’acte d’accusation, qu’un seul témoin, il est vrai, a le courage de répéter à la justice (Progrès du 14 mars 1850) ; son crime paraît être bien plus dans son dévouement pour les cultivateurs et leur attachement pour lui que dans sa conduite à l’époque des