Aller au contenu

Page:Schœlcher - Le procès de Marie-Galante, 1851.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gnons d’infortune, esclaves toujours, avaient trouvé naturellement bon accueil, assistance et secours. Il était comme le centre des mille liens de la solidarité qu’avait créée entre les noirs l’oppression commune du régime servile. Il avait, en un mot, une grande influence. Quel usage en faisait-il, et quelle reconnaissance lui a-t-on gardée de services incontestables ? Voici ce que révèle le procès-verbal des débats lui-même, treizième audience, 29 mars :

« Victor Bothereau Roussel, témoin, déclare qu’étant le premier de ceux qui devaient déposer à l’audience, on l’avait fait rester dans une chambre qui se trouve derrière les gradins où est placé sur le banc, d’en haut l’accusé Alonzo. La porte se trouvant ouverte, et le sieur Alonzo profitant de cette circonstance, l’a interpellé et lui a dit : « Comment, c’est vous qui avez signé la demande de ma déportation ! sans moi vous n’auriez pas le travail sur votre habitation, tandis que j’y ai ramené l’ordre et le travail. »

« M. le président s’adressant à Alonzo lui a dit qu’il ne souffrirait pas que les témoins fussent menacés par les accusés, et que, dans son propre intérêt, il l’engageait à s’abstenir de toute manifestation de ce genre. »

« Alonzo en imposait-il ? non. Comme Scipion, il aurait pu répondre à ses accusateurs : Par moi, par mon concours au moins, en 1848, l’ordre et le travail ont été maintenus à Marie-Galante, tous vos intérêts sauvegardés ; allons en rendre grâce aux dieux.

« Voici des faits antérieurs au procès et publiés longtemps auparavant.

« À Marie-Galante, en 1848, le commissaire-général, visitant les populations de cette île, avait réuni autour de lui, à la mairie de Grand’Bourg, les principaux propriétaires, des cultivateurs, des citoyens de toutes les classes. Il tenait là, comme en beaucoup d’autres communes auparavant, les assises de l’organisation du travail libre. Le récit de cette séance est consigné ainsi dans le compte-rendu de sa mission :

« L’accusation d’influence s’élevait contre M. Alonzo, dont le nom figure déjà honorablement dans cet écrit, (à l’occasion de sa nomination aux fonctions d’adjoint au maire