Page:Schœlcher - Le procès de Marie-Galante, 1851.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coupable imprudence de le déshonorer en lui donnant les apparences, sinon la réalité d’une commission extraordinaire ! Est-il possible qu’un fait qui, en France, exciterait une indignation universelle, soit toléré là où la justice a de plus grands devoirs à remplir et de plus grandes difficultés à vaincre ?

« Ces considérations sont d’un ordre bien supérieur aux querelles de la politique, et doivent lui rester étrangères, car tous les citoyens ont un égal intérêt au respect et à la dignité de la magistrature.

« Aussi, M. le ministre nous rendra la justice que cette note ne contient aucune idée, aucune expression ardente. En maintenant cette question sur son véritable terrain, celui de l’honnêteté publique, nous nous sommes crus certains d’être entendus de la loyauté de M. Odilon Barrot.

« Nous vous demandons, M. le ministre : 1o de provoquer, de concert avec votre collègue de la marine, la réunion de la commission permanente chargée de la surveillance de l’administration des colonies ; 2o son avis obtenu, de rapporter purement et simplement l’arrêté arraché à M. l’amiral Bruat, et de réintégrer MM. Leroy et Garnier dans leurs sièges originaires.

« Ces mesures de réparation doivent être adoptées avec la plus grande promptitude, car la session d’assises s’ouvrira, à la Basse-Terre, dans le cours de novembre. »

Signé : Schœlcher. — Perrinon.

Paris, le 9 octobre 1849.


La honteuse machination que dévoile notre lettre ne saurait être révoquée en doute, puisque le ministre de la justice, M. Odilon Barrot, après nous avoir lus, rapporta immédiatement l’arrêté de M. Bruat et replaça, aux applaudissements de tous les hommes jaloux de l’honneur de la magistrature, l’honorable M. Leroy sur son siège de président des assises. — Étrange effet de l’empire qu’exercent les meneurs de la réaction coloniale auprès de M. Romain-Desfossés, il vient de destituer l’incorruptible M. Leroy et de donner de l’avancement à M. Baf-