Page:Schelle - Le Docteur Quesnay.djvu/169

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vent le maintenir dans l’ordre ou le jeter dans le désordre ; il fallait des lois précises pour lui marquer exactement son devoir envers Dieu, envers lui-même, envers autrui, et pour qu’il fût intéressé à les observer ; c’est dans ces vues que la religion et la politique se sont réunies à l’ordre naturel pour contenir plus sûrement les hommes dans la voie qu’ils doivent suivre[1]. » C’est, presque dans les mêmes termes, le langage que Montesquieu a tenu plus tard au début de l’Esprit des Lois. Mais Quesnay insistait plus que Montesquieu sur l’existence d’un ordre naturel indépendant de l’intervention des législateurs religieux ou politiques. D’après lui, chaque homme, étant libre, a un droit naturel, mais comme aucun homme ne vit isolément, le droit naturel de chacun est limité par le droit naturel des autres, sans que l’antagonisme résultant de cette limitation mutuelle soit permanent. L’ordre, affirmait-il, est indispensable à l’existence des individus et est la règle finale des rapports des hommes : « des êtres intelligents aperçoivent manifes-

  1. Économie animale.