Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/133

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de l’être absolu, dont la loi est de se développer éternellement. Entre Dieu et le monde sont les idées qui jouent le rôle de médiatrices. Elles existent d’abord dans Dieu, dans l’acte éternel de la connaissance divine ; elles y sont d’une manière idéale, comme les miroirs dans lesquels il se contemple lui- même. Quoique participant de son essence, elles sont à la fois universelles et particulières. Comme lui vivantes, elles sont aussi créatrices ; elles revêtent leur essence de formes particulières et la manifestent par les choses individuelles. Par là, elles deviennent comme les ames des choses. Celles-ci étant finies, celles-là infinies, l’infini, de cette façon, s’unit au fini par une étroite identité ; l’idée s’introduisant dans le corps, le pénètre tout entier ; celui-ci la renferme, l’exprime, et lui prête sa forme. Par là aussi le réel rentre dans l’idéal, le fini dans l’infini. Les idées agissent d’une manière éternelle au sein de la nature ; celle-ci ayant reçu les divines semences des idées est infiniment féconde. Les idées répandent partout dans le monde la régularité, l’ordre et la vie. — Dans ce début, qui rappelle le néoplatonisme alexandrin, quelques expressions seulement appartiennent en propre au panthéisme de Schelling. Nous comprendrons mieux dans ce qui suit, c’est-à-dire dans la partie critique, l’idée fondamentale de cette philosophie de la nature, son esprit et sa méthode.

Schelling appelle philosophique ou spéculatif son propre point de vue et empirique le point de vue op-