Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/154

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tère propre, celui de comprendre et d’expliquer ; elle peut poursuivre l’art jusque dans sa source la plus cachée et dans le foyer où s’élaborent ses conceptions.

L’art n’est incompréhensible que pour une philosophie étroite ou fausse, qui ne s’élève pas à la même hauteur que lui dans la région de l’idéal. Les règles que le génie dédaigne, ce sont des règles artificielles et factices. Sans doute il est autonome et se soustrait à une législation étrangère, mais il a la sienne propre, et il n’est le génie que parcequ’il est la plus haute conformité aux règles. Ces lois, la philosophie ne les fait pas ; elle veut les connaître, de même qu’elle cherche à découvrir les lois de la nature ; et les grands artistes sont comme la nature, calmes, simples, invariables dans leurs productions. Ceux donc qui proclament la liberté absolue du génie et l’affranchissent de toute règle, n’ont puisé leur enthousiasme factice et de seconde main que dans l’ignorance de sa nature et de ses procédés, et dans une connaissance superficielle de ses œuvres.

2° Une philosophie de l’art est possible, et l’on voit quel est son objet. C’est de dégager les idées éternelles qui forment le fond de ses créations ; de comprendre les lois et les principes nécessaires sur lesquels il repose. Quelles sont ses limites ? A-t-elle aussi le droit de lui prescrire des règles particulières sur la manière d’exécuter ses œuvres ? Suivant l’opinion de Schelling, la philosophie, s’occupant exclusivement des idées et des principes, doit se borner, en ce qui concerne la