Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/155

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partie empirique et technique de l’art, à indiquer les lois générales de la représentation artistique, sans se mêler de donner des règles positives d’exécution. C’est là ce qui a égaré la critique, ce qui a donné lieu à tant de théories étroites, banales ou fausses, dont l’effet a été de déconsidérer la science des beaux-arts.

Mais une partie essentielle de cette science, c’est la partie historique. Schelling se contente de montrer la possibilité d’une histoire philosophique de l’art, ou, suivant son expression, d’une construction historique des monuments de l’art et de la littérature. Il fait remarquer que déjà la distinction fondamentale de l’art ancien et de l’art moderne et de leurs principaux caractères, reconnus et signalés par la philosophie et par la poésie elle-même, rendent cette tâche plus facile. Nous pensons qu’il a en vue les travaux de Schiller et de Goëthe. Il est toutefois très sévère envers les écrivains qui ont traité avant lui cette science sous le nom d’Esthétique ou de théorie des beaux-arts ; il leur reproche d’en avoir faussé l’esprit en la ramenant au point de vue moral ou à celui de l’utile. L’impulsion donnée par Kant lui-même est restée stérile chez ses successeurs. Les germes de cette science nouvelle ont été semés par d’excellents esprits, mais qui, étrangers à la philosophie, n’ont pu les développer d’une manière scientifique.

3° La connaissance de l’art et de ses œuvres est indispensable au philosophe. Il y voit les idées comme réfléchies dans un miroir magique et symbolique. La