Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/163

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fort resserré, obligée, en quelque sorte, démontrer la beauté de l’univers en un point, doit tendre immédiatement à ce qu’il y a de plus élevé ; elle ne peut affecter la même variété ni donner à ses figures un caractère aussi déterminé que la peinture. Celle ci, disposant de plus de moyens et représentant plus d’objets sur un plus vaste espace, peut oser davantage, marquer plus fortement les oppositions, parce que les oppositions partielles concourent à l’harmonie de l’ensemble et que de l’inégalité dans les parties naît l’équilibre du tout. Chez elle, une trop grande simplicité dégénère en sécheresse et pauvreté. Elle doit donnera ses grandes compositions la plénitude et la richesse qui caractérisent la vie et briser l’uniformité par la variété de l’expression. A plus forte raison, cette loi existe pour les autres arts qui disposent du mouvement et de l’action. Dans le drame, le caractère doit se révéler par la lutte des passions, par l’énergie qui les contient et les modère. Mais encore ne doit-on pas oublier que c’est une force positive et non négative qui le constitue ; que la vertu elle-même ne consiste pas dans l’absence de passions, mais dans la force d’ame qui les maîtrise ; qu’ainsi leur violence doit éclater, afin de révéler d’autant mieux l’énergie de la volonté capable de les contenir et de les dompter. Ainsi compris, il est vrai que le caractéristique est la base, la racine, le principe générateur du beau.

On voit que, dans toute cette partie du discours,