Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/164

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principalement critique, où la théorie, cependant, se mêle à la réfutation, le principe de l’imitation de la nature est présenté sous une face toute nouvelle. Un examen plus approfondi du rapport des arts du dessin avec la nature, fournit la loi qui sert à marquer les dégrés essentiels de leur développement et la succession des principaux styles.

Dans la nature et dans l’art, se montrent au début, la rigueur caractéristique des formes, l’énergie, la concentration. Peu à peu cette âpreté, cette rudesse se tempère et s’adoucit ; les mouvements deviennent plus faciles ; les formes, moins raides, offrent plus de richesse et de variété.

L’idée et la forme, l’esprit et le corps, se mettent en parfait équilibre ; on voit alors la beauté dans sa fleur et sa maturité. Mais l’esprit qui anime et vivifie la nature en se développant ainsi harmonieusement fait pressentir une beauté plus parfaite encore, celle de l’ame. La grâce sensible est le lien qui unit les deux mondes ; Vénus, la déesse de l’amour, personnifie ce moment.

L’art pourrait s’arrêter à ce point ; son œuvre est parfaite sous le rapport physique ; mais il est une beauté supérieure, la beauté morale fondue avec la grace sensible ; et cet accord est possible. Entre l’esprit qui anime et vivifie la nature, et l’ame qui apparaît dans le monde moral, l’opposition n’est qu’apparente. L’esprit de la nature est le principe de l’individualité dans les êtres et dans l’homme. L’âme, au