Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/373

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chose de purement accidentel. Car, qu’il existe des fluides impondérables tels que ceux que l’on admet pour cet usage, c’est ce qui n’est nullement prouvé ; que ces fluides, en outre, soient de telle nature que leurs éléments homogènes se repoussent et leurs éléments hétérogènes s’attirent, comme dans l’explication des phénomènes magnétiques et électriques, c’est ce qui est encore complètement hypothétique. Si l’on vient à réunir l’ensemble de ces éléments hypothétiques, voici l’image que l’on doit se former de leur disposition. D’abord, dans les pores de la matière la plus grossière est logé l’air, dans les pores de l’air le calorique, dans ceux du calorique le fluide électrique qui renferme, à son tour, dans les siens le fluide magnétique, sans compter que celui-ci, dans ses propres interstices, contient l’éther. Ces divers fluides, emboîtés les uns dans les autres, ne se confondent pas, et ils apparaissent selon le bon plaisir du physicien, chacun dans son espèce, sans se mêler avec les autres ; puis ils se retrouvent également, sans aucune confusion, chacun à sa place.

Ainsi, ce mode d’explication, outre qu’il n’a aucune consistance scientifique, ne peut pas même se supporter au point de vue de l’empirisme.

La construction philosophique de la matière par Kant donna lieu d’abord à une conception plus élevée, si on la compare à la considération matérielle des phénomènes ; mais, dans tout ce qu’elle y substitua de positif, elle retourna elle-même à un point de vue infé-