Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/519

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ont leur principe dans la raison elle-même, cette doctrine peut aussi se prêter à diverses représentations. Ainsi, l’explication de la vie sensible par une innocence perdue parait avoir dominé dans la plupart des mystères grecs ; mais cette doctrine fut représentée dans les divers mystères sous des images différentes, par exemple, celle d’un dieu devenu mortel et souffrant. La réconciliation avec l’absolu, après la chute, et la transformation du rapport négatif du fini avec lui en un rapport positif, est un autre but de la doctrine religieuse, qui s’appuie nécessairement sur cette donnée première ; car elle tend à la délivrance des ames des corps comme étant leur côté négatif. De même l’entrée dans les anciens mystères était décrite comme un abandon et un sacrifice de la vie, comme une mort corporelle et une résurrection de l’ame. Un même mot désignait la mort et l’initiation. Le premier affranchissement des ames des liens du corps était la guérison de l’erreur comme la première et la plus profonde maladie de l’ame, le recouvrement de la vue intellectuelle de ce qui seul est vrai et éternel, ou des idées. Le but moral était la délivrance de l’ame des affections auxquelles elle est soumise tant qu’elle est unie au corps, et de l’amour de la vie sensible, qui est le principe et l’instigateur de l’immoralité.

Enfin, à cette doctrine est liée nécessairement celle de l’éternité des âmes et du rapport moral entre l’état actuel et la vie future.