Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/520

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C’est à ces doctrines, à ces bases éternelles de la vertu comme de la plus haute vérité, que toute religion spirituelle et esotérique devait retourner.

Quant à la forme extérieure et à la constitution des mystères, ils doivent être considérés comme un institut public dérivant du sentiment ou de l’esprit national. Cet institut, érigé et tenu pour sacré par l’État lui-même, se distingue des associations secrètes formées d’après des fins plus ou moins temporelles, et qu’il permet aux uns et refuse aux autres ; il contribue à la réunion intérieure et morale de tous ceux qui appartiennent à l’État, comme celui-ci lui-même contribue à l’unité extérieure. Cependant, il y a, entre les initiés, nécessairement, des degrés ; car ils ne peuvent pas tous également arriver à la contemplation de la vérité en soi. Pour le grand nombre, il doit y avoir une sorte de vestibule, une préparation qui, d’après l’image employée par Euripide, soit à sa suprême initiation comme le sommeil est à la mort. Le sommeil est purement négatif ; la mort est positive, elle est le dernier, l’absolu libérateur. La première préparation aux plus hautes connaissances ne peut-être que négative ; elle consiste dans l’affaiblissement, et, autant que possible, dans l’anéantissement des affections sensibles et de tout ce qui trouble l’organisation calme et morale de l’ame. Il suffit que la plupart parviennent jusques-là dans l’affranchissement ; et la participation des non-libres pourrait se borner, en général, à ce degré. Il y a plus, les images terribles