Page:Schelling - Bruno, 1845, trad. Husson.djvu/84

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Bruno.

Mais, n’avons-nous pas établi que l’idéal, en tant qu’idéal, ne peut se limiter ; qu’ainsi, chaque idée générale est infinie en soi ? Te représentes-tu cette infinité, ou comme naissant dans le temps, et ainsi, par sa nature même, ne pouvant jamais être remplie, ou comme une infinité actuellement présente et complète en soi ?

Lucien.

Comme une infinité actuellement présente et complète en soi, puisque l’idée générale par sa nature même est infinie.

Bruno.

Il est facile de comprendre, par là, pourquoi les hommes de peu d’expérience se sentent transportés de joie, lorsqu’ils s’aperçoivent qu’en définissant le triangle : espace terminé par trois lignes, ils ont exprimé une idée infinie, qui renferme en elle tous les triangles possibles, passés, présents et futurs, sans différence d’espèce, et que cette idée est également applicable à tous, sans distinction aucune, et sans qu’il soit nécessaire