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l’État ne le convaincront guère, mais il n’est pas impossible de lui faire comprendre qu’au fond de la question religieuse se rencontrent les deux systèmes qui sont partout aujourd’hui en présence, l’État-humanité et l’État-liberté, la thèse individualiste et la thèse socialiste.

La Lettre à un ami est un bel exemple du style de Vinet à cette époque, simple, nerveux, excellent.

Nous arrivons au procès de 1829. Le réveil vaudois, préparé par les événements et par quelques influences individuelles, déterminé par l’action de chrétiens anglais et sans doute aussi par la proximité du mouvement religieux de Genève, le réveil vaudois remonte à 1821. Les principaux disciples et en même temps les principaux agents de ce réveil furent plusieurs jeunes ministres, Juvet, Vallouy, Alex. Chavannes, Fr. Olivier, les Rochat. L’activité religieuse de ces jeunes hommes chercha un aliment dans des assemblées particulières d’édification, de véritables collegia pietatis sans aucun caractère ecclésiastique. L’opposition, la raillerie, puis enfin la persécution, s’attachèrent bientôt à ces manifestations. Les réunions furent traitées de conventicules, les fidèles qui les fréquentaient de mômiers. Le doyen Curtat ne craignit point de se servir d’un terme injurieux et de dénoncer les conventicules comme illégaux et dangereux. Les hommes politiques du canton, de leur côté, éprouvaient pour le zèle religieux le dédain et l’aversion propres à une mondanité incrédule. Le grand conseil accepta la dé-