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sociale… Est-il bien vrai que c’est surtout par ce dogme que l’existence de l’État est menacée ? Ce serait dire que l’État est menacé par la morale ; car ce dogme, qui est le principe de la religion, est aussi et avant tout le principe de la morale. » Mais ce qui rend surtout remarquable cette discussion de 1831, c’est le changement qui continue de s’accomplir dans les vues de l’écrivain relativement au principe des Églises nationales. Nous avons signalé dans l’Essai sur la conscience une trace première et décisive de la formation de ses convictions sur ce point. Nous retrouvons les mêmes convictions dans les Quelques idées. La séparation de l’Église d’avec l’État lui paraît juste et raisonnable ; le système contraire n’est ni rationnel ni parfaitement équitable. Le cours du temps, la vue des grands effets de l’égalité des cultes, les progrès de la science politique, les besoins nouveaux, amèneront, selon Vinet, l’établissement du système des Églises indépendantes. Toutefois, et quoique persuadé du succès de l’expérience, il ne propose point de la risquer ; il souscrit au maintien actuel et indéfini du régime consacré. Dans ses articles du Nouvelliste et de la Discussion il revient à deux reprises sur cet avènement d’un principe qui se présente à lui comme une force des choses et non pas encore comme une obligation individuelle. « Le séparatisme actuel n’est rien encore, écrit-il, mais si l’ancienne servitude de l’Église demeure, une autre dissidence se prépare, dissidence large, libérale, purement évangélique, dissidence nationale peut-être. Il est nécessaire que l’Église soit