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libre, et elle le sera. Il est nécessaire que le dix-neuvième siècle tienne ses promesses, et il les tiendra. » … « Au train dont marchent les choses humaines, à l’impulsion que les esprits et la société ont reçue, on peut douter s’il y a des siècles à promettre à des institutions déjà ébranlées, et qu’on ne perpétue pas en les déclarant immuables… Nous avancerons s’il le faut. Plus que d’Églises nationales, nous avons besoin d’une religion nationale, d’un sentiment national sur la religion, d’une intime correspondance de la vie civile avec la vie chrétienne, d’une communion de cœur des citoyens en Dieu leur Sauveur, d’une sève de foi répandue dans le corps social, de cette unité, en un mot, qu’il est raisonnable de désirer, et si inutile de poursuivre par des moyens extérieurs. Par la liberté à l’unité ! telle va être la devise du christianisme. Cette idée renferme tout un monde. » Dans ces articles, dans sa brochure, Vinet se présente encore comme un ami de l’Église nationale, il insiste sur ce point. Il est déjà séparationiste en principe, mais la séparation n’est pas pour lui un dogme, c’est un idéal. Il veut l’Église nationale indépendante de l’État : un jour il proclamera l’impossibilité de cette indépendance. Il croit encore à la nation chrétienne : le doute, hélas ! entrera bientôt à cet égard aussi dans son cœur. Ce qui le retient dans l’Église nationale, on le voit, c’est cette aversion pour les étroitesses de la dissidence qu’il a exprimée dans les Quelques idées (p. 24) ; il consent à l’union par affection pour le multitudinisme ; plus tard, l’attachement au principe de la séparation