Page:Scherer - Alexandre Vinet, 1853.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 69 —

propriée, il a salué un argument vainqueur ; il n’en reste pas moins vrai que la question principale, aux yeux de la Société de la morale chrétienne, était le devoir de manifester les convictions religieuses, tandis qu’aux yeux de Vinet c’était la séparation de l’Église et de l’État. En vain dira-t-on que les termes du concours indiquaient cette thèse comme la conséquence du principe, et que Vinet, de son côté, a admis le principe comme fondement de sa thèse. Le sujet d’un livre, c’est ce qui le remplit, c’est la pensée qui y occupe le premier plan, c’est la cause au service de laquelle viennent se ranger les moyens employés par l’écrivain ; les discussions préalables sur lesquelles s’appuie la discussion ne sont pas la discussion même, et, malgré leur valeur comme principes, elles deviennent purement accessoires. Le programme demandait un traité sur la conviction, suivi d’applications aux relations de l’Église avec l’État ; Vinet a renversé les termes et a donné un traité sur les relations de l’Église avec l’État, précédé d’une introduction sur la manifestation des convictions. Il a cru que l’étendue relative des deux parties ne faisait rien à l’affaire ; il s’est trompé : on ne persuadera jamais le lecteur que, dans ce volume de cinq cent cinquante pages, le vrai sujet soit celui qui n’en occupe que cent quatre-vingts. Mais il y a plus. Non-seulement ces deux parties sont de longueurs fort différentes, mais encore il n’y a que deux chapitres de la seconde qui puissent être regardés comme se rattachant à la première à titre de conséquence directe, de conclusion authentique. Tout le reste appartient à la discussion générale sur