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Page:Scherer - Diderot, 1880.djvu/95

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DIDEROT.

prends les corps dans la nature et non dans ma tête, je les vois existants, divers, revêtus de propriétés et d’actions et s’agitant dans l’univers comme dans le laboratoire. »

Je relève ce caractère de la pensée de Diderot, parce que c’est le goût ou la répugnance pour les notions métaphysiques qui séparent proprement les esprits spéculatifs en deux familles, la pensée humaine en deux courants. Toutes les vues de notre philosophe se ressentent de sa défiance pour les abstractions, pour les distinctions imaginaires. Il se refuse à croire qu’un phénomène soit expliqué parce qu’on a inventé à cet effet une cause spéciale, et qu’à cette cause on a donné un nom. C’est ainsi, nous venons de le voir, qu’il est arrivé à l’identité de la matière et de la force ; c’est ainsi encore qu’il