Page:Schiller - Théâtre, trad. Marmier, deuxième série, 1903.djvu/18

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ne les trouverait pas! Comment a-t-elle pu rejoindre ces deux points extrêmes de In race humaine, lui et moi? Comment a-t-elle pu nous imposer un lien si sacré? Effroyable sort! pourquoi cela est-il arrivé ainsi? Pourquoi deux hommes qui s'évitent sans cesse se rencontrent-ils avec horreur dans un même désir. Tu vois ici, Rodrigue, deux astres ennemis qui, dans te cours entier des temps, se touchent une seule fois dans leur route, se fracassent, et s'éloignent l'un de l'autre pour l'éternité.

LE MARQUIS. Je pressens un moment désastreux.

CARLOS. Et moi de même. Comme les furies de Va Mme, des rêves épouvantables me poursuivent. Mon esprit lutte dans le doute avec d'affreux projets; ma fatale subtilité m'entraîne dans un labyrinthe de sophisme* jusqu'à ce qu'enfin je m'arrête au bord de l'abîme béant. Oh! Rodrigue! si je désapprenais jamais à reconnaître en lui un père, Rodrigue, je le vois à la pâleur mortelle de ton visage, tu m'as compris ; si je désapprenais jamais à reconnaître en lui un père, que serait le roi pour moi ?

LE MARQUIS. après un moment de silence. Oserai-jo adresser une prière à mon Carlos? Quel que soit votre dessein, promettez-moi de ne rien entreprendre sans votre ami. Mêle promettez-vous?

CARLOS. Tout, tout coque ton amitié exigera. Je me jette sans réserve dans tes bras.

LE MARQUIS. On dit que le roi va retourner dans la capitale. Le temps est court : si vous désirez parler en secret à la reine, ce ne peut être qu'à Aranjuez. Le calme de ce lieu, les habitudes moins contraintes de la campagne vous favorisent.

CARLOS. C'était aussi mou espérance; mais, hélas! elle a été vaine.

LE MARQUIS. Vas entièrement. Je vais à l'instant me présenter chez elle. Si elle est encore en Espagne telle que je l*ai connue à la cour de Henri, je trouverai en acte i, s«i:.NK m. n