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LE BOUDDHISME AU TIBET

nous fournir des versions correctes, aient entremêlé les textes de leurs propres commentaires, afin de justifier les dogmes de leurs diverses écoles. À ces altérations des textes originaux est due l’obscurité qui a si longtemps enveloppé le sujet et empêché l’intelligence claire des principes du bouddhisme primitif et de ses divisions subséquentes.

En même temps que se formait l’alphabet tibétain, des livres se composaient dans la langue nationale. Le Mani Kamboum, ouvrage historique attribué à Srongtsan Gampo, est l’œuvre d’un Tibétain ; « l’Introduction grammaticale » et les « Lettres caractéristiques » de Thoumi Sambhota, ainsi que les ouvrages historiques sur le Tibet, écrits par les anciens traducteurs tibétains, paraissent avoir été composés en langue vulgaire[1].

Depuis le quatorzième siècle, la littérature nationale, qui commence avec Tsonkhapa, se développe sur une large échelle. Tsonkhapa lui-même publia des ouvrages systématiques très volumineux ; ses œuvres principales sont : le Bodhi-mour, le Tarnim-mour, l’Altanerike, et le Lamrim, « un degré en avant », titre qui a été pris également par d’autres auteurs. Plusieurs savants tibétains employèrent aussi la langue vulgaire dans la composition de leurs nombreux commentaires sur les dogmes et l’histoire du bouddhisme ; ils furent suivis même par les Mongols, obligés d’apprendre le tibétain, parce qu’il était (alors comme aujourd’hui) la langue sacrée du service divin.

Toutes les traductions du sanscrit ont été réunies, en forme de recueil, en deux livres grands et volumineux, qui contiennent, dans un mélange irrespectueux, les publications sacrées et profanes de différentes époques. Ces recueils portent le nom de Kandjour « traduction des commandements (du Bouddha) » et Tandjour « traduction de la doctrine ». Le Kandjour comprend cent huit grands volumes, classés dans les sept divisions suivantes :

1. Doulva, ou « discipline » ;

2. Scherchin, ou « sagesse » ;

    de Ralpachen ou Khiral, qui régnait au neuvième siècle ; il est compris dans le Tandjour. Wilson, Note on the literature of Tibet. Gleanings in science, vol. III, p. 217. Comparez aussi Hodgson, As. Res., vol. XVI, p. 434. — Les noms des traducteurs de beaucoup de livres nous ont été conservés.

  1. Ainsi Csoma, dans son écrit sur les livres d’histoire ou de grammaire du Tibet, ne cite pas les titres sanscrits de ces livres, ainsi qu’il le fait toujours quand il s’agit de traduction du sanscrit.