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LE BOUDDHISME AU TIBET

et soupireront après la délivrance, ces bénédictions apporteront de grands bienfaits aux pécheurs. Les péchés nés des discordes et des disputes entre les habitants de ce monastère seront effacés par elles[1].

« Ces trésors de grâces récités les huitième, quinzième et trentième jours de chaque mois purifieront très sûrement des cinq grands crimes[2] et de tous les péchés, et délivreront des six enfers.

« Les 84 000 grands emblèmes de l’essence de la sublime doctrine seront les mêmes pour tous les êtres[3].

L’esprit de l’homme tendra invariablement à la sainteté du Bouddha ; il acquerra l’énergie de volonté et enfin les privilèges du Bouddha, lui-même.

« Ceci est la fin du Mahâyâna-soutra ṣDig-ḅshagṣ-g̣ser-g̣yis-ṣpugri. »

« Que tous les êtres soient bénis ! »

(Suivent trois Dharanis en sanscrit corrompu. Le premier est une invocation mystique à Dordje sempa, en sanscrit Vadjrasattva (voir page 34) ; le second résume la croyance des quatre vérités ; le troisième est usité pour l’inauguration des temples. Puis le texte continue[4]) :

« Par la vertu de ces invocations les créatures deviendront parfaites dans les deux collections[5] ; elles seront purifiées de leurs péchés et bénies de la dignité d’un très parfait Bouddha. »

(Suit un quatrième Dharani) :

« Ce (Dharani) est élevé (accordé) comme une faveur[6], à ceux qui errent

  1. Le nom du monastère n’est pas dans l’original, qui dit seulement ḍgon-pa, monastère.
  2. Les cinq grands crimes des bouddhistes sont : 1o le meurtre ; 2o le vol ; 3o l’adultère ; 4o le mensonge ; 5o l’ivrognerie. Voyez Burnouf, Lotus de la bonne Loi, page 447 ; Hardy, Manual of Buddhism, chap. X, page 488.
  3. Cette phrase a trait, ainsi que l’indique la suite, aux signes inférieurs de la beauté d’un Bouddha. On en compte généralement 80 ; mais d’autres livres, comme par exemple Le Rgya chher rol pa (traduit par Foucaux, vol. II, page 108), en donnent 84 ; dans le cas actuel, ce nombre est multiplié par 1000. Le nombre 84,000 est très en faveur dans la cosmogonie bouddhiste et paraît s’employer dans la même acception que khrag-khrig, centaine de mille millions et le terme chinois wan, ou 10,000 (Ideler, Ueber die Zeitrechnung der Chinesen, page 10), pour désigner un nombre infini. L’étendue, l’épaisseur et le diamètre du Sakwalas peuvent toujours se diviser par 8 ; la durée de l’âge de l’humanité procède par 84,000 ans. Voyez Hardy, Manual, chap. I, Foe-Koue-Ki, page 127.
  4. Afin d’abréger, nous avons omis la traduction de ces trois dharanis.
  5. En tibétain, ts’hogṣ-g̣nyis ; par cette expression est désignée la combinaison de la plus haute perfection dans la pratique des vertus et du plus haut degré de sagesse, tous deux attributs des Bouddhas ; mais l’homme peut atteindre à ce rang sublime en suivant le chemin révélé par Sâkyamouni et ses prédécesseurs reconnus.
  6. Il délivre des péchés spécifiés.