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ANNALES DU MUSÉE GUIMET
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Les premiers Européens qui pénétrèrent dans le Tibet furent des missionnaires chrétiens. En 1624 un jésuite, le père Antonio de Andrada, arriva jusqu’à Chabrang, capitale du Gouge, district de Gnary Khorsoum, dont le Raja ou Gyalpo, était très favorablement disposé pour lui. Les premiers qui atteignirent Lhassa, centre de l’église lamaïque, furent les jésuites Albert Dorville et Johann Gruber, qui en 1631 revinrent de Chine en Europe parle Tibet et l’Hindostan. Ce furent ensuite les pères capucins Joseph de Asculi et Francisco Maria de Toun, qui, partis du Bengale en 1706, arrivèrent sains et saufs à Lhassa. En 1706 le jésuite Désidéri pénétra de nouveau jusqu’à Lhassa, par la route de l’ouest, par Kashmir et Ladak. L’événement le plus important, au point de vue de la connaissance du bouddhisme tibétain, fut la mission des pères capucins sous la direction d’Horacio de la Penna, qui arriva à Lhassa en 1741, avec cinq missionnaires. Leurs efforts pour propager la religion chrétienne n’eurent guère de succès malgré le bon accueil des autorités tibétaines. Ils recueillirent des documents très importants sur la géographie et l’histoire du pays, la religion, les mœurs et les coutumes des habitants. Horacio de la Penna était enflammé d’un zèle ardent pour le christianisme ; il traduisit en tibétain un catéchisme catholique, la Doctrine chrétienne du cardinal Bellarmin, le Thesaurus doctrinæ christianæ de Turbot, et composa un dictionnaire tibétain-italien. Les matériaux rapportés par cette mission, qui fut forcée de quitter Lhassa peu d’années plus tard, furent étudiés par le père Antonio Georgi ; celui-ci, dans son curieux Alphabetum Tibetanum, Rome, 1762, entreprit de prouver par la philologie comparée, l’opinion émise par les missionnaires que le lamaïsme était une corruption du christianisme.

En 1811 Manning essaya, selon Prinsep, d’aller en Chine en traversant le Tibet ; mais il fut arrêté à Lhassa et, ne pouvant obtenir la permission d’aller plus avant, il dut revenir sur ses pas[1]. En 1845 deux missionnaires lazaristes, Huc et Gabet, arrivèrent de nouveau à Lhassa par la Mongolie ;

  1. Ritter, Die Erdkunde von Asien, vol. II, pages 439-64. II. Prinsep, Tibet, Tartary and Mongolia, Londres, 1852, page 17. On trouvera un recueil intéressant des idées de divers missionnaires sur ce sujet dans les notes de Marsden, Marco Polo’s travels, p. 249. Les papes avaient espéré que la mission des capucins aurait une grande importance pour la propagation du christianisme dans l’Asie centrale, et l’avaient aidée de toutes les manières. Le pape Clément IX rendit un bref particulier pour