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LE BOUDDHISME AU TIBET

novices ne traitent pas toujours bien leurs élèves, car plusieurs voyageurs ont témoigné de leur dureté et même de leur cruauté dans les punitions[1]. Le grade au-dessus des Genyen est celui de Getsoul, le prêtre ordonné s’appelle « Gelong » ; les grades sont conférés par un conseil, devant lequel le candidat doit prouver, par une dissertation publique, son expérience dans les sciences qu’on lui a enseignées.

Les femmes peuvent aussi embrasser la vie monastique, et on peut lire l’histoire de mendiantes, les Bhikshounis, qui dès les premiers temps du bouddhisme, se vouèrent à la vie religieuse avec la permission du fondateur. Les nonnes sont appelées en tibétain Gelong-ma ; elles ne doivent pas être nombreuses dans le Tibet occidental et dans l’Himalaya, car mes frères n’en ont jamais vu beaucoup[2].

Le clergé est monastique ; presque tous les prêtres résident dans les monastères ; d’autres ont la permission de vivre comme prêtres dans les villages, pour la commodité de la population, qui réclame si fréquemment leur assistance. Les ermites sont très nombreux ; ils habitent les hautes vallées et vivent de la charité des passants. Ils se distinguent en laissant croître leurs cheveux et leur barbe ; et cette coutume est si générale qu’on représente toujours le type d’un ermite sous les traits d’un homme avec de longs cheveux et une longue barbe inculte. Chacun d’eux choisit un rite particulier et s’imagine qu’il tire de sa fréquente pratique une assistance surnaturelle. Un rite souvent choisi, bien que je ne puisse dire pourquoi, est celui de Chod, « couper ou détruire ». Les Lamas gardent le plus profond secret sur sa signification. Selon la croyance générale, les reclus sont exposés aux attaques répétées des mauvais esprits, ennemis de la méditation assidue et appliquée ; le moyen le plus efficace de les tenir à distance est de battre du tambour[3].

  1. Voyez Dr  Hooker, Himalayan Journals, vol. II, p. 93. Huc, Souvenirs, vol. I, p. 299.
  2. Burnouf, Introduction, p. 278. Hardy, Eastern Monachism, p. 40. Gérard, Kanaiour, p. 120, a entendu dire que ce sont seulement les femmes les plus laides qui, n’ayant guère chance de trouver des maris, se retirent au couvent.
  3. Voyez Moorcroft, Mansasaur, As. Res., vol. XII, pages 458-465. Leur vie de retraite est désignée par le nom de rikkrodpa, qui signifie « qui vit sur ou dans les collines », et aussi « ermite ». Dictionnaire de Csoma et de Schmidt. Dans les peintures qui représentent un ermite, il a souvent un tambour dans une main et dans l’autre généralement une corde, symbole de la sagesse que la divinité lui accorde en récompense de sa force d’esprit et de sa persévérance. Au sujet de l’encouragement donné par le