Page:Schlagintweit - Le Bouddhisme au Tibet.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
104
ANNALES DU MUSÉE GUIMET

À certains jours ces Lamas isolés, les prêtres de villages aussi bien que les anachorètes, doivent revenir au monastère auquel ils appartiennent ; ils sont punis s’ils manquent à se présenter pour subir cette sorte de contrôle.

Dans chaque monastère est une liste de tous les moines qui font partie de la communauté cléricale[1].

NOMBRE DES LAMAS

Voici les quelques données que je peux produire sur le nombre des Lamas :

Tibet oriental. — Le docteur Campbell nous fournit une liste de douze principaux couvents à Lhassa et dans son voisinage, habités par 18,500 Lamas[2]. Tout surprenant que soit ce nombre, il est loin de représenter la totalité des prêtres épars dans le pays.

Tibet occidental. — Cunningham évalue la population laïque de Ladak à 158,000 âmes, les Lamas à 12,000, ce qui donne un prêtre pour treize laïques. À Spiti, en 1845, le major Hay estimait la population civile à 1,414 habitants, et 193 Lamas, soit environ un pour sept laïques[3].

Je ne puis donner aucun chiffre pour les contrées bouddhiques de l’Himalaya oriental, mais seulement quelques renseignements généraux. À Bhoutan, la proportion du nombre des Lamas à la population civile est considérable. À Tassisoudon (ḅkra-shis-chhos-g̣rong, la cité sainte de la doctrine) ils sont 1,500 à 2,000 dans le seul palais du Dharma Raja, et leur multitude est une des principales causes de la pauvreté de habitants. Pemberton dit que les dépenses pour l’entretien de cette caste privilégiée ont été à plusieurs reprises

    bouddhisme, dans ses débuts, à la vie d’anachorète, je ferai remarquer (voir aussi page 7 et 94) que Sâkyamouni, ainsi que tous les fondateurs et protecteurs des divers systèmes de bouddhisme, ont vivement recommandé l’énergie dans la pratique de la méditation comme le moyen le plus efficace de s’affranchir de l’existence ; et qu’il recommandaient, pour ces exercices religieux, le choix de lieux écartés, ne devant guère être visités par ceux qui cherchent les plaisirs du monde. Sâkyamouni en donna lui-même l’exemple en se retirant dans des lieux écartés avant d’avoir obtenu la dignité de Bouddha ; et non seulement il fut imité par ses premiers disciples, mais ce principe est encore pratiqué par les Tibétains modernes.

  1. Comparez Moorcroft, Travels, vol. I, p. 339 ; Pemberton, Report, p. 117 ; Huc, Souvenirs, vol. I, p. 203 ; Schmidt, dans les Mémoire de l’Académie de Saint-Pétersbourg, vol. I, p. 257.
  2. Notes on eastern Tibet. dans le Journal As. Soc. Beng., 1855, p. 219.
  3. Cunningham, Ladak, p. 287. Report on the valley of Spiti, dans le Journal As., Soc. Beng., vol. XIX, p. 437.