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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

sans ornements, qui divisent le temple en trois parallélogrammes ; de grands écrans de soie, appelés Phan, rayés de blanc et de bleu et bordés de franges[1], des instruments de musique et autres, sont suspendus à ces piliers, tandis que des poutres traversières pendent de nombreux Zhaltangs, ou portraits de divinités, fixés chacun par deux bâtons rouges, et ordinairement couverts d’un voile d’étoffe de soie blanche.

L’autel s’élève dans la galerie centrale, et se compose de bancs de bois de diverses dimensions, admirablement sculptés et richement ornementés ; les plus petits sont échafaudés sur les plus grands devant une cloison de planches à laquelle sont appendus des écrans aux cinq couleurs sacrées (c’est-à-dire, jaune, blanc, rouge, bleu et vert), reliés par un croissant dont la partie convexe est tournée vers le haut. Sur ces bancs sont rangés des vaisseaux pour les oblations, des statuettes de Bouddhas et de dieux, et quelques instruments et ustensiles employés au culte religieux ; parmi ces derniers, on voit toujours le miroir Melong qui sert à la cérémonie Touisol ; puis quelques cloches et quelques Dordjes, un Chorten renfermant des reliques et présentant quelquefois une niche avec une statue de dieux ; un vase avec des plumes de paon et un livre sacré y ont toujours leur place. Les vases à offrandes sont en cuivre et ont la forme des tasses à thé chinoises, ils sont remplis d’orge, de beurre, de parfums et en été de fleurs. Près de l’autel est un petit banc où le Lama officiant dispose les offrandes qui doivent être consumées en holocauste, et les instruments exigés par les rites dans certaines cérémonies. Au fond de la galerie, dans un retrait, la statue du genius loci à qui le temple est consacré ; dans quelques temples sa tête est couverte d’un dais d’étoffe, dont on peut voir la forme planche XXV ; du centre appelé Doug (littéralement ombrelle) partent quelques rubans (Labri), horizontalement tendus, au bout desquels pendent des bannières verticales (Badang, en sanscrit Patāka.)

Dans la salle d’entrée, des deux côtés de la porte, et aussi dans l’intérieur du temple se trouvent plusieurs grands cylindres à prières, que le Lama de service

  1. Ces écrans doivent être considérés comme témoignages du respect rendu aux dieux, et correspondant aux écharpes de soie brodées de sentences que la politesse tibétaine oblige à offrir aux visiteurs, ou qui sont enfermées dans les lettres. Ces écharpes se nomment en tibétain Khatak, ou Tashi Khatak, « écharpe de bénédiction ».