Page:Schlagintweit - Le Bouddhisme au Tibet.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
ANNALES DU MUSÉE GUIMET

ou Doungten pour les chortens qui contiennent des reliques ; ce nom ne semble pas très usité.

Les anciens stoupas étaient d’abord destinés à recevoir les reliques des Bouddhas, des Bodhisattvas ou des rois qui encourageaient la propagation de la foi bouddhique. Mais dès les premiers temps du bouddhisme, les stoupas furent construits ex-voto comme substitution symbolique d’un tombeau renfermant une relique sacrée, ou pour marquer la place où s’étaient accomplis les incidents remarquables de l’histoire sacrée, ou pour orner les viharas et les temples. Leur érection est un acte de dévotion et de respect rendu aux Bouddhas ; et les plus anciennes légendes recommandent déjà la construction de ces monuments comme une œuvre très méritoire.

Ainsi les chortens tibétains servent de dépôt de reliques, puisqu’ils renferment les restes de Lamas vénérés, les écritures sacrées, les objets consacrés etc. qui y sont déposés dès leur érection. Sur les sépultures s’élèvent des chortens renfermant des ossements ou des cendres dans une boîte ; les chortens destinés aux écritures sont de plus petite dimension, et se placent sur les autels ; ils symbolisent la miséricorde du Bouddha[1]. Mais leur principale destination est de recevoir les offrandes[2] car un Tibétain ne passe jamais devant ces monuments sans en déposer quelqu’une sur les degrés, ou l’introduire dans l’intérieur par une petite ouverture aboutissant à une cavité. Les offrandes sont principalement des satsas ou tsatsas, qui se font ordinairement, tout en cheminant, d’un petit morceau d’argile pétrie entre les doigts ; ils sont coniques et imitent la forme des Chortens. D’autres satsas représentent des Bouddhas, ou portent une sentence sacrée, imprimée au moule ; ces derniers s’achètent aux Lamas[3]. La quantité de ces satsas est réellement surprenante ; les degrés sont souvent presque cachés par leur amoncellement.

La forme des chortens varie beaucoup plus que celle de leurs prototypes les stoupas. La base du stoupa est un cylindre ou un cube, sur lequel s’élève

  1. Voyez page 99.
  2. Ainsi les Singhalais ne croient pas obtenir la protection du Bouddha en s’approchant simplement d’un Dagopa (stoupa) ou autre lieu sacré, à moins qu’ils n’accomplissent en même temps quelque acte d’adoration. Hardy, Eastern Monachism, p. 210 ; et 220.
  3. Dans la Mongolie, le mot satsa, que Pallas appelle zaga, ne s’applique qu’aux cônes d’argile seulement. Voyez. Mongol. Völker, vol. II, pp. 108, 211.