dans les formes et avec les cérémonies prescrites que le clergé seul sait observer. Les cérémonies voulues sont nombreuses et variées ; certains jours sont propices pour commencer la peinture ; pendant d’autres on ne doit peindre que les yeux qui sont regardés comme la partie la plus importante de toute l’image. En outre, de nouvelles cérémonies sont nécessaires pendant les divers états de progrès de chaque peinture. Ainsi des cérémonies de bénédictions doivent se faire dès que l’image est entièrement terminée, de crainte que, à ce même instant, quelque méchant esprit (ces êtres sont toujours en éveil pour nuire à l’homme) ne vienne à en prendre possession, ce qui rendrait les prières absolument sans valeur[1].
Les objets plastiques tels que statues ou bas-reliefs sont aussi nombreux que les dessins et les peintures.
Les modèles de dessins sont appelés Sagpar et se font en décrivant les lignes extérieures d’un dessin original par de nombreuses piqûres d’épingle ; on frotte ensuite ces trous avec du charbon en poudre et les lignes se reproduisent sur un papier ou une toile préparée avec de la chaux et de la farine ; quand l’enduit est sec et dur, on le polit soigneusement avec une pierre avant d’employer la toile[2]. On trace alors les lignes à l’encre de Chine, et on couvre les différentes parties de la peinture de couleurs d’une teinte uniforme ; quelques ornements seulement sont ombrés. Quand la peinture est achevée, on la borde de plusieurs bandes de soie, ordinairement trois, bleu, jaune, et rouge, appelées Thonka ; quelquefois aussi des morceaux irréguliers d’autres couleurs sont cousus sur les bords. Comme les lamas n’ont pas de verre, ils emploient pour protéger les images contre la poussière des enveloppes de soie en façon de voiles. Le cadre de nos tableaux est remplacé par deux bâtons de bois ronds, dont l’un traverse le bord supérieur et l’autre l’inférieur ; ils facilitent la suspension du tableau et en même temps le tiennent étendu. Le bâton inférieur sert aussi à rouler le tableau quand on doit l’expédier.
- ↑ Un ouvrage incorporé dans la division Gyout du Kandjour traite aussi des cérémonies à célébrer dans ces occasions. Voy. Csoma, Analysis, As. Res., vol. XX, p. 503. Annales du Musée Guimet, t. II.
- ↑ Les Kalmouks et les Mongols impriment les lignes extérieures du dessin avec des bois gravés. Pallas, Mongol. Völker, vol. II, p. 105.