Page:Schlagintweit - Le Bouddhisme au Tibet.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
153
LE BOUDDHISME AU TIBET

comme un mendiant vulgaire » ; mais au moment où il franchit la limite, il tombe, comme s’il était mort ; on suppose qu’il subit la peine du blasphème qu’il a osé prononcer, et tous les spectateurs applaudissent à la grandeur de « celui dont la puissance se montre si supérieure à celle de tous les autres êtres ».


JOURS SACRÉS ET FÊTES. — FÊTES MENSUELLES ET ANNUELLES

Dans quelques contrées il y a quatre fêtes mensuelles qui coïncident avec les phases de la lune ; dans d’autres on ne célèbre que trois de ces jours, ceux du premier quartier, de la pleine Lune et de la nouvelle Lune. Ces jours là on doit s’abstenir de nourriture animale et aucune bête ne doit être tuée ; ceux qui contreviennent à ces défenses sont menacés de punition sévère dans une existence future. L’abstention des occupations mondaines n’est pas observée, et comme les bouddhistes laïques de l’Himalaya et du Tibet occidental n’aiment guère à passer tout le jour en prières dans les temples, ces jours de fête ne sont pas entrés dans les habitudes de la population[1]. Mais les Lamas passent plus de temps dans les temples ; ils célèbrent la cérémonie Touisol, pour la purification des péchés, et font une confession solennelle. La confession est précédée et suivie de la lecture et de la récitation de passages des livres sacrés ; cette occupation se prolonge quelquefois des jours entiers, pendant lesquels on ne prend, en fait de nourriture et de boisson, que le strict indispensable. Ces austérités pour obtenir la rémission des péchés portent le nom de Nyoungne ou Nyoungpar nepaï choga. Tous les laïques peuvent subir les épreuves de cette sorte de confession ; mais comme des pratiques moins pénibles ont, dans leur opinion, la même efficacité[2], les Tibétains, prêtres aussi bien que laïques, ne s’y soumettent qu’un certain nombre de fois par an, au lieu, comme cela devrait être, de trois fois par mois. En général, les Lamas se contentent de lire certains livres et de célébrer la cérémonie Touisol ; les laïques se prosternent devant les images de certains dieux et récitent plus de sentences sacrées que les autres jours.

  1. Les Mongols septentrionaux montrent à cet égard beaucoup plus de dévotion. Voyez : Pallas, Reisen, traduction française, p. 562.
  2. Comparez, p. 60.