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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


FÊTES ANNUELLES

Presque chaque mois on célèbre une fête religieuse particulière, et ces jours-là les amusements publics vont leur train ; les fêtes, tant religieuses que publiques, sont très variées aux époques suivantes, qui sont regardées comme les plus sacrées : vers le 1er février on célèbre la fête de la nouvelle année ; le quinze du quatrième mois (environ le commencement de mai) on célèbre « l’entrée de Sākyamouni dans le sein de sa mère » ; le 15 du septième mois (août), avant la moisson, on fait des processions solennelles dans les champs, accompagnées de prières et d’actions de grâce pour les bénédictions des récoltes ; le 25 du même mois revient l’anniversaire de la mort de Tsongkapa. Les fêtes de ces jours sont brillantes et variées, surtout dans les lieux où résident des prêtres incarnés ; je renvoie le lecteur pour les détails à la « description du Tibet » traduite du chinois, et à Huc, Pallas et Klaproth[1]. Mes frères n’ont assisté à aucune de ces fêtes, aussi me borné-je à citer les ouvrages qui en donnent des descriptions ; mais je donnerai les détails que mes frères se sont procurés sur les cérémonies Touisol et Nyoungne.


CÉRÉMONIE TOUISOL

Le Touisol, « prier pour l’ablution »[2], se range parmi les plus sacrés des rites bouddhiques, et se célèbre dans toutes les assemblées solennelles, pour effacer les péchés. On verse l’eau contenue dans un vase de la forme d’une théière, qu’on appelle Mangou ou Boumpa, sur le couvercle bien nettoyé de ce vase appelé Yanga, ou sur un miroir métallique particulier, Melong, qui est disposé de façon à refléter l’image de Sākyamouni placée sur l’autel. L’eau tombe dans un vase plat, appelé Dorma[3], placé sur un trépied. Les Lamas

  1. Nouv. Journ. As., vol. IV, p. 140. Pallas Mongol. Völker, vol. II, pp. 190-215. Klaproth, Reise in den Kaukasus, vol. I, p. 193. Huc, Souvenirs, vol. I, pp. 196-291, vol. II, p. 95. Comparez Köppen, die Religion des Buddhas, vol. II, pp. 309-315.
  2. Ḅgrus, de krud-pa, « complètement lavé, ablution » ; g̣sal, « prier, demander avec supplication ».
  3. Les termes Mangou, Manga, Dorma paraissent être des expressions locales, car je ne les ai pas trouvés dans les dictionnaires. À Sikkim les Lamas Lepchas appellent le Manghou-Guri et le vase qui reçoit l’eau Thepshi.