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LE BOUDDHISME AU TIBET

Ainsi quand on doit spécifier une certaine année, on ajoute l’expression tibétaine Lo qui signifie année, au nom de l’animal ; soit, par exemple, Ji-lo, « l’année du Rat » : Lang-lo, « l’année du Bœuf », etc.[1]. Quand la date d’un événement est antérieure à l’ère duodécimale actuelle, on indique d’abord le nombre de cycles écoulés depuis l’époque en question, et en y ajoutant l’année animale on obtient le nombre total des années.

2. Dans les livres comme dans la conversation on détermine fréquemment la date d’événements passés en comptant en arrière à partir de l’année courante. Par exemple l’année actuelle étant 1863, la naissance de Tsoungkapa en 1355 serait indiquée comme ayant eu lieu il y a 508 ans. Cette méthode est employée dans le Baïdurya Karpo, d’où Csoma a tiré sa table chronologique si importante[2].

3. Le cycle de soixante ans paraît avoir été employé au Tibet depuis très longtemps[3]. Il fut établi, comme innovation, probablement au xie siècle av. J.-C. que le cycle de soixante ans partirait de l’an 1026, l’année qui suivait l’introduction du système Kala Chakra, au Tibet, en 1025. (V. page 32). L’année 1026, étant la première du premier cycle, l’année 1086 fut la première du second. Si le nombre des cycles écoulés était régulièrement ajouté à l’année courante dans les livres et les documents, ce système serait aussi précis que notre méthode de compter par cent ans ; mais comme le nombre des cycles est ordinairement omis devant l’année qu’il s’agit de préciser[4], le lecteur a souvent beaucoup de peine à assigner à un fait une époque positive en pesant et comparant des dates indirectes.

L’année 1026 était aussi la première du cycle hindou contemporain ; ainsi devint possible l’accord entre l’ordre cyclique tibétain et hindou. La première, seconde, troisième année, etc. de chaque cycle tibétain est donc la même

  1. Csoma, Grammar, p. 147.
  2. Csoma, Grammar, p. 181. Huc, Souvenirs, vol. II, p. 369.
  3. Il est surprenant que la génération actuelle ne connaisse pas l’antique origine de ce système. Les Tibétains expliquent l’adoption de ce cycle par la supposition que son idée première a été tirée de la moyenne de la vie humaine. Telle était du moins l’opinion de Chibou Lama, agent politique du Raja de Sikkim, et de plusieurs autres Lamas.
  4. Comme exemple, voyez le document historique du monastère de Himis, p. 117, et le document de Daba, p. 180.