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LE BOUDDHISME AU TIBET

des sectaires brahmanes, et particulièrement des adhérents du culte de Siva) qui amena presque la destruction du bouddhisme.

Hiouen-Thsang, pèlerin chinois, qui passa une partie de sa vie en longs voyages dans l’Inde de 629 à 645 avant J.-C. cite nombre de temples, monastères et monuments bouddhiques, déserts déjà et en ruines ; deux siècles plus tôt, Fa-Hian, autre voyageur chinois, avait trouvé ces édifices dans l’état le plus prospère. Néanmoins, dans plusieurs contrées de l’Inde les bouddhistes existaient encore ; à Bénarès, redevenu maintenant un centre brahmanique, ils ont eu, dit-on, la prédominance jusqu’au onzième siècle et même jusqu’au douzième dans la partie nord de Goujrat.

Après cette époque le bouddhisme disparaît dans l’Inde par suite d’uni ; réunion de circonstances parmi lesquelles la jalousie des diverses écoles et l’invasion musulmane sont peut-être les plus importantes[1].

À présent le bouddhisme s’étend sur de vastes territoires, de Ceylan et l’archipel indien au sud, jusqu’au lac Baikal dans l’Asie centrale, et du Caucase jusqu’au Japon ; le nombre de ses adhérents égale, s’il ne le surpasse, celui des chrétiens, ainsi qu’on le verra par la suite[2].

Feu le professeur Dieterici dans son recueil si connu du recensement du globe, évalue la population de la Chine à quatre cents millions, celle du Japon à trente-cinq millions d’âmes et celle de la péninsule de l’Indo-Chine à cinquante millions d’habitants dans les territoires indépendants[3]. Les évaluations pour les dépendances de l’Inde sont peu d’accord. Le dictionnaire géographique de Thornton donni^ pour Arrakan, Pégou et Ténasserim une population d’environ un million d’âmes ; mais, d’après une note de V Indian Midi d’Allen 1861, les habitants de Pégou, seuls, sont estimés à un million. Une moyenne de deux millions d’habitants pour ces trois provinces serait peut-être plus en rapport avec leur superficie comparée au reste de la péninsule[4]. Selon Dieterici la population de l’archipel indo-chinois est de quatre-vingts millions, dont

  1. Comparez Montstuart Elphinstone, History of India, vol. 1, p. 212, et Lassen, Ind. Alterthumskünde, vol. IV. p. 707.
  2. Le professeur Neuman de Munich a évalué le nombre des bouddhistes, en Chine, au Tibet, dans l’Indo-Chine et la Tartarie à 369 millions. Ungewitfcer, Neueste Erdbeschreibung, vol. 1, p. 51 estime leur nombre total à 325 millions. Le colonel Sykes, dont la compétence dans toutes les sciences et principalement dans la statistique, est bien connue, estime que le nombre des bouddhistes dépasse celui des fidèles de toutes les autres croyances (voir son essai, on Indian Characters. Londres, 1859).
  3. Die Bevölkerung der Erde dans les Géographische Mittheilungen de Pétermann, 1859, p. 1.
  4. Dictionnaire géographique de Thornton, Indian Mail d’Allen, 1861, p. 802.